Du tohu-bohu dans l’âme (burnout episode 1)

D

« Ce qui me fait peur, c’est ce qui m’arrive :

Ce que je redoute, c’est ce qui m’atteint.

Je n’ai ni calme, ni tranquillité, ni repos,

Et c’est l’agitation qui survient »

Job 3 v 25 – 26

Mai 2019, je me retrouve devant mon médecin et le diagnostic tombe ; burnout. Je suis dans un tel état de fatigue. Les mots sont trop faibles pour décrire ce que je ressens alors je fonds littéralement en larmes. Je suis arrêtée de force, et c’est sans appel. Je ne retournerai plus au travail pour un bon moment. Je suis tellement épuisée que je n’ai même pas la force de discuter cette sentence. Cela fait deux ans que je lutte contre la fatigue, elle est devenue une compagne indésirable qui a pris possession de tout mon être. Je n’ai rien vu venir : telle une sangsue elle a aspiré toute mon énergie vitale, lentement et insidieusement jusqu’à ce que mon corps dysfonctionne complètement. Les maux de tête et vertiges quasi permanents sont mon lot quotidien. Je suis fatiguée de me lever le matin et de me battre contre mon corps. Je suis fatiguée de puiser une force inexistante juste pour arriver à boucler chacune de mes journées. Je suis fatiguée de lutter pour rester concentrée et à l’écoute des autres. Je suis fatiguée de ces haut-le-cœur permanents qui ont volé ma joie d’antan. Ce qui me réjouissait, ne suscite plus que de l’indifférence. Je suis dans un état second. Je suis dépouillée de mon âme, de ma sève vitale. Mon être intérieur n’est plus que désolation et ruine.

Je ne dors quasi plus ou alors au petit matin pour me lever ensuite vers 14h. Moi, qui ai toujours été une lève-tôt. Je ne me reconnais plus. Mes nuits sont peuplées de cauchemars et ponctuées de réveils angoissés. La nature, le soleil ou les jours de pluie ne m’émerveillent plus. C’est avec indifférence que je perçois ce qu’il y a autour de moi. La culpabilité est mon fardeau quotidien. Je ne peux plus m’occuper de mes enfants, de ma maison ou de moi-même. Je ne suis même plus capable de me laver. Le temps parait long, interminable.

« Jusqu’à quand ? » s’écrie mon âme. Combien de temps me faudra-t-il pour guérir ? Nul ne le sait. Me voilà donc devant l’inconnu. L’incertitude est inconfortable. Et, mes peurs s’amplifient ; peur de me retrouver face à moi-même, peur d’affronter des journées sans activités, peur de manquer de finances, peur de m’écrouler et de ne plus pouvoir me relever.

Il faudra du temps, du temps pour accepter de prendre soin de soi, d’être la personne la plus importante, de se reposer, de lâcher prise, de vivre pleinement le moment présent ; sans être écrasée par le passé et paralysée par le futur. Face à l’incertitude et à la faiblesse extrême, on ne peut que « relâcher », s’abandonner et laisser le temps faire son œuvre.

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